Abstract
Les considérations utopiques ont pris une place centrale dans la critique moderne de la pensée. L'utopie apparaît dans des périodes où des changements révolutionnaires semblent nécessaires. Elle prépare l'homme à ce que les choses puissent être différentes. L'utopie diffère du mythe. Elle provient du désir de l'homme à rechercher son bonheur en le créant par lui-même. L'utopie se rapporte à l'homme évoluant, le mythe par contre à l'homme éternel. La pensée utopique veut toujours surmonter la réalité existante et aller vers l'avenir. Voilà pourquoi elle prend toujours des formes différentes, la situation où elle naît et qu'elle veut surmonter étant différente : c'est par cela que nous connaissons les formes différentes qu'elle a prises dans l'Antiquité, la Renaissance, le Siècle des Lumières et la forme qu'elle revêt de nos jours. Ce sont surtout les auteurs néomarxistes qui mettent l'accent sur la valeur de l'utopie. La pensée critique accentue la valeur explorative et normative de l'imagination utopique. L'utopie prend distance de ce qui existe ; elle occupe une position antithétique par rapport au status quo : c'est là la négativité critique. En même temps elle ébauche de façon ludique et avec fantaisie un nouvel avenir possible, à la lumière duquel l'existant doit être transformé. L'anticipation utopique actuelle veut réaliser une révolution culturelle et politique. L'utopie fonctionne ici comme catalysateur moral. Une dialectique entre la pensée utopique et la science engagée devient nécessaire. L'idéologie est dépassée ; elle a rempli la fonction de relais dans la conception dualiste qui comprend d'un côté un système transcendant et métaphysique et de l'autre la facticité