Abstract
Dans les représentations dominantes, les formes et contenus de la mémoire empruntent largement à la culture et au style de vie des groupes dont l’existence, à travers l’héritage, la filiation, les biens et symboles accumulés, s’enracine loin dans le passé et obéit à un ensemble de codes et rituels précisément identifiés. Dès lors, s’intéresser à la mémoire des familles populaires et ouvrières implique un décentrement temporel et une attention à l’égard de productions symboliques dégagées des contraintes et références ordinaires. Ainsi le temps des vacances apparaît comme un terrain d’analyse privilégié pour saisir ce qui, dans la perspective comme dans le souvenir, participe d’une construction identitaire et contribue à la formation et la valorisation d’une mémoire familiale. Souvent conçu et vécu en rapport à un devoir de réussite, le temps des vacances est aussi investi d’un devoir de mémoire qui témoigne de l’enjeu biographique de ce moment privilégié de l’existence individuelle et collective.