Dialogue 40 (1):205-209 (
2001)
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Abstract
Comme le suggère Jean-Pierre Dupuy dans son introduction générale, la recherche des cinquante dernières années a peut-être fait voler en éclats le concept d’une rationalité purement instrumentale qui n’aurait rien à voir avec le choix des fins. C’est la nature de l’interaction entre la dimension épistémique et les contraintes formelles du choix rationnel qui interdirait une séparation bien tranchée entre les moyens et les fins telle qu’on la trouve chez Hume ou Weber. Ainsi, nous dit Dupuy, «il n’est pas de définition de l’adéquation des moyens aux fins qui n’engage toute une conception de la rationalité des fins elles-mêmes». Dans son essai qui ouvre le recueil et la section sur les paradoxes de la rationalité, Dupuy défend le raisonnement évidentialiste pour les problèmes de Newcomb avec cause commune contre ceux qui y trouvent l’octroi d’un pouvoir indu sur le passé. Pour ce faire, il met à l’œuvre une distinction entre deux types de temporalité, le temps de l’histoire et le temps du projet. Le premier type de temporalité est fixe et fermé par rapport à l’action libre. Mais ce qu’il appelle le temps du projet permet de penser une forme de «pouvoir contrefactuel sur le passé», un concept qu’il emprunte à Alvin Plantinga. Cette approche lui permet de formuler une position intermédiaire éclectique dans le débat principal qui oppose Michael Bratman et David Gauthier.