Abstract
L’étude de ce qui constitue la perfection première du mariage, c’est-à-dire son essence ou son constitutif formel, qui est l’union indissoluble des esprits et des cœurs des conjoints, porte une lumière nouvelle sur les fins du mariage. Cette union indissoluble, en tant qu’elle est la fin propre et prochaine du mariage, en constitue l’objet, qui spécifie formellement l’acte du mariage. La génération et l’éducation des enfants, qui n’est pas une partie intégrante de l’essence du mariage, est sa fin éloignée et appartient à la perfection seconde du mariage, à savoir l’agir des époux. Cette doctrine thomiste des fins du mariage apparaît à différentes époques de l’histoire de la théologie et est adoptée par le Catéchisme du Concile de Trente. Avec le Code de droit canonique de 1917, elle disparaît totalement de l’enseignement catholique. Réapparue en 1930 dans l’encyclique Casti connubii, elle ne retrouve toute sa place dans l’enseignement du Magistère qu’à partir de Vatican II. La doctrine thomiste des sacrements, et du mariage en particulier, permet d’interpréter la position du Magistère actuel sur l’accès à la communion de divorcés remariés, en régime de dérogation à la séparation, et de conclure à la nécessité de manifester publiquement leur réconciliation avec Dieu et avec l’Église.