Abstract
L’intolérance religieuse qui alimente de nos jours de nombreux conflits contemporains nous conduit à repenser notre conception moderne de la tolérance, née des débats théologiques et philosophiques, qui ont accompagné ou qui ont été provoqués par les controverses doctrinales et les guerres politico-religieuses des XVIème et XVIIème siècles. Elle se définit par le respect des ordres distincts: celui de la conscience et celui de la loi, du privé et du public, celui de la foi et de la raison. Elle porte la marque de son origine, du religieux et du théologique, et renvoie à l’idée de dignité humaine à laquelle la doctrine de l’autonomie de Kant, au XVIIIème siècle, a apporté son fondement éthique. L’actualité nous apprend qu’aujourd’hui encore on tue, on persécute au nom de la foi, au nom de Dieu, au nom de la religion, pour avoir une opinion ou une croyance différente. Si la tolérance, fille des Lumières et de la raison critique, ne s’est pas imposée définitivement dans un monde rationnel et technique, il y a lieu de se demander si ce n’est pas pour avoir négligé la foi. Il ne suffit pas de déclarer la mort de Dieu pour faire disparaître la religion. Conclure de la distinction de la raison et de la foi à leur antagonisme n’a pas conduit à déraciner l’intolérance de l’esprit humain. Aurions-nous oublié que la paix est aussi l’affaire du religieux? Que faut-il attendre, que faut-il espérer du dialogue inter-religieux? La foi serait-elle l’antidote à l’intolérance? Que peut faire la foi?