Abstract
Les figurations diverses de la rationalité dans la correspondance de Spinoza n’ont pas qu’une valeur pédagogique ; paraissent-elles singulières, ce sont autant de déclinaisons du spinozisme. On y ressaisit les difficultés que le système a rencontrées auprès de publics divers; difficultés qu’illustrent les postures irrationnelles de bien des correspondants. La correspondance, en marge de l’œuvre, expose la définition spinoziste de la philosophie et en souligne l’originalité ; ne perdant jamais de vue l’idée d’adéquation, elle noue de façon unique les rapports entre spinozisme, tradition et cartésianisme, entre le philosophe et la cité. La rationalité produite dans les lettres conduit à réexaminer des questions traitées dans l’œuvre : la définition intervient comme un élément important du dispositif rationnel et le présage s’y donne comme n’étant pas dénué non plus de rationalité. Le dynamisme et la force de cette philosophie rendent raison d’échanges souvent inféconds et violents, comme ceux avec Burgh, Blyenbergh et Boxel : ils nous confrontent à un Spinoza intransigeant sur ses principes rationnels et qui ne pouvait composer ni avec les dogmes de la religion ni avec l’opinion.