Abstract
Le présent article éclaire le contexte empirique et argumentatif du développement de la théorie corpusculaire de la matière au 17 e siècle. Dans le cadre d'une conception unitaire de la nature l'hypothèse atomique livra une description imagée des phénomènes en deça du perceptible à l'instar du monde visible. Cependant, tant sur le plan de la méthodologie empirique que sur celui de l'épistémologie, ces analogies n'étaient pas sans poser des problèmes. Différents arguments ont concouru à leur légitimation, mais aussi à leur réfutation ultérieure: la métaphore antique de la literarum similitudo‚ qui considérait les atomes comme les lettres du livre de la nature caractérisées par leurs formes, le progrès de l'instrumentation optique nourrissant l'espoir que le microscope rendrait directement visibles les atomes eux-mêmes, et enfin un scepticisme croisssant à l'égard de la tentative de rendre tangible l'essence de l'être. De Sennert et Jungius à Gassendi, Boyle et Locke, l'atomisme ontologique cédera finalement le pas à une notion de corpuscule qui laissera en suspens la question de l'essence des atomes