Abstract
Aristote estime qu’une vie consacrée à gagner de l’argent ne mérite pas d’être vécue, dans la mesure où elle est sujette à des contraintes et fondée sur une conception pervertie de la richesse. Cependant, il assigne à l’argent une valeur instrumentale en tant qu’il est indispensable au bonheur, et il reconnaît qu’il y a des tendances naturelles à la richesse en tout agent. Cet article se propose de clarifier les thèses d’Aristote concernant la fonction de la richesse dans son rapport à une vie bonne, concernant ce qui garantit l’usage correct des biens et comment il est possible de promouvoir la pratique de la chrématistique naturelle face à l’extension des formes perverties de recherche du profit. L’article entend ensuite montrer quelles vertus sont liées à la richesse – générosité, magnificence et justice ou équité – et comment elles se rattachent aux vices opposés – c’est-à-dire : prodigalité et avarice, tendance dépensière et pingrerie, et injustice ou inéquité. L’intention de cette étude est d’expliquer pourquoi l’enquête aristotélicienne sur les bonnes et mauvaises habitudes liées à l’usage de la richesse est complémentaire de l’enquête sur la genèse des phénomènes économiques, et pourquoi elle vise à garantir dans la pratique une chrématistique parfaitement intégrée à l’éthique et à la politique.