Abstract
Arnaud Martin Le 29 août 2018, le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez annonça la création d’une commission de la vérité sur les crimes commis durant la guerre civile et la dictature franquiste. Ainsi devait prendre officiellement fin la politique d’impunité et d’amnésie politique imposée au peuple espagnol au lendemain de la mort du général Franco par la loi du 15 octobre 1977, confirmée trente ans plus tard par la loi du 26 décembre 2007, comme contrepartie des mesures d’amnistie prises en faveur des condamnés politiques et comme prix à payer pour assurer la réussite du processus consensuel de transition démocratique. La mémoire historique qui avait été refusée aux Espagnols allait pouvoir devenir réalité. La commission s’inscrit de façon originale dans la logique de la justice transitionnelle. En effet, l’élaboration de la vérité historique annoncée par Pedro Sánchez a pour but, non pas d’assurer la transition démocratique et la pacification d’une société postconflictuelle, mais de prévenir la « déconsolidation » démocratique à laquelle pourraient conduire la non-reconnaissance des torts subis par les victimes du franquisme et l’impossibilité de l’Espagne – notamment de la droite – à tourner la page du franquisme.