Abstract
La logique cartésienne est introuvable parce qu’on a cherché une logique qui n’existe pas, c’est-à-dire une logique classique sur le modèle des manuels de la tradition réformée. La puissance transgressive de Descartes, même dans ce domaine, a été radicale : il a bafoué l’Arbre de Porphyre, vidé de sens la théorie des catégories, montré l’inutilité du syllogisme pour la recherche scientifique. Sans efficacité, à son avis, fut le renouveau d’une logique fondée sur des normes préconstituées. Il se « limite » pourtant à suggérer, sur le modèle des procédés mathématiques, une attitude de pensée centrée sur l’intuitus et dont les relations sont garanties par les notions de « série » et de respectus. La transgression cartésienne a été si bouleversante que « Descartes logicien » devient un auteur maudit et l’attitude qu’il aurait voulu inspirer n’a connu aucune fortune, à telle enseigne que même la Logique de Port-Royal qu’on voudrait cartésienne consacre un grand espace à la syllogistique.Undiscoverable is the Cartesian logic, because scholars looked for a logic that does not exist, i.e. a classical logic after the model of traditional, more or less reformed, manuals. Descartes’ transgressive power was radical even in this domain : he scorned Phorphyrius Tree, voided the theory of categories of all meaning, showed the uselessness of syllogism for scientific research. Just as totally ineffective was, in his view, the renewal of a logic founded on preconstituted norms. He therefore « limits » himself to suggest, after the model of mathematical procedures, an attitude of thought centered on intuitus and whose relationships are guaranteed by the notions of « series » and respectus. The Cartesian transgression turned out to be so upsetting that « Descartes the logician » became a wicked author and the attitude he had meant to inspire had no fortune whatsoever, to such a point that even the Logic of Port-Royal – purportedly Cartesian – leaves much room to syllogistics