Abstract
Dans le contexte des révoltes de Mai 68, certains groupes politiques ont développé des techniques collectives de transformation de soi. On en explore ici deux versions : « l’analyse de groupe », inspirée par la psychanalyse et pratiquée dans le mouvement étudiant ouest-allemand, et le consciousness-raising, utilisé par les féministes radicales étasuniennes. En comparant ces pratiques, on montre que le problème qu’elles posent a concerné un mauvais choix de méthode et non la discussion collective des affects individuels, désormais incriminée par certains récits rétrospectifs sur Mai 68 et critiques libérales. Contre ces dernières, on conclut par une brève défense de la politisation des formes de vie.