Abstract
Aux XIIe-XIVe siècles, l'image de l'adolescente (âgée de douze à seize ans) apparaît très contrastée. Dans les fabliaux, la jeune fille est un personnage soumis à l'autorité parentale, sans épaisseur, muet et sédentaire, objet de fantasme. Dans les récits de miracles, au contraire, c'est un personnage très positif, qui manifeste une relative autonomie dans le processus miraculeux, sublimé et sacralisé en tant que vierge. Ces contrastes de perception tiennent au type de documentation utilisé. Ils reposent sur une série d'oppositions (autonomie / dépendance, mutisme / parole pour Dieu, virginité / sensualité) qui rendent compte d'un regard de clerc sur l'adolescente très ambigu et de la nécessité, pour les hommes d'Eglise, de contrôler le corps de la jeune fille