Abstract
De nombreux philosophes anglo-saxons de tradition analytique nient qu'un animal puisse penser, ou qu'on puisse accéder à sa subjectivité. Nous développons une réponse alternative. La légitimité d'une évaluation de l'intelligence de l'animal repose d'abord sur une familiarité acquise à son contact au cours d'une histoire partagée. Elle est propre à celui qui vit avec un animal mais aussi à l'expert qui a acquis une connaissance de l'animal à la suite d'une pratique professionnelle élaborée. C'est parce que nous interagissons avec l'animal comme s'il était un sujet que nous sommes prêts à lui accorder une intelligence susceptible de rendre intelligibles nos relations avec lui. L'intelligence d'un même animal n'est pas fixée une fois pour toutes. Elle est en partie dépendante des dispositifs humains dans lesquels elle se trouve impliquée. La question d'une véritable zoologie se pose, qui étudie l'intelligence du vivant dans la perspective des sciences sociales aussi bien que dans celle de la biologie.