Abstract
« Mon article propose un renversement de perspective qui s’organise autour de trois idées. 1) Il s’agit de penser la spécificité du statut de l’humain par rapport aux autres animaux, non pas dans des caractéristiques uniques qui l’éloigneraient des autres animaux (logique du « propre de l’homme »), mais dans ses capacités (métaboliques, comportementales, cognitives et culturelles) de se rapprocher des autres animaux comme aucun autre animal n’est capable de le faire. À ma connaissance, c’est une idée qui n’a encore jamais fait l’objet d’une étude systématique. 2) La deuxième idée, c’est qu’un des futurs possibles de l’humain, mais aussi l’une de ses espérances, est de se réanimaliser, c’est-à-dire de devenir plus animal qu’il n’est. Un nombre croissant d’artistes sont engagés dans cette direction, de plus en plus d’humains se sentent appartenir à une autre espèce, etc. Ce phénomène émergent mérite d’être pensé sérieusement par la philosophie. La modification de l’écologie terrestre (pollution, etc.) et le rêve d’exploration spatiale conduit l’espèce à se modifier en conséquence. 3) La troisième idée, c’est que pour répondre à certains défis du futur, en particulier du futur lointain (voire très lointain), la philosophie ne doit pas hésiter à se transformer en profondeur. L’une des façons de le faire est de se rapprocher de la science-fiction – dont la crise du Covid-19 et le récent confinement de la moitié de la planète en quelques mois a montré que c’était une littérature plus réaliste que ce qu’on aurait pu penser. »