À propos du rire: Un dialogue entre la philosophie et la théologie
Abstract
Le rire est un phénomène qui touche aussi bien le corps que l’âme de l’homme. Helmuth Plessner l’interprète comme le signe d’une existence contradictoire propre à la condition humaine, une existence à la frontière, marquée par l’ambivalence de la relation corps-âme. Quant au comique, un des déclencheurs principaux du rire, la plupart des philosophes le décrivent aussi comme l’apparition d’une contradiction et d’une incongruité. Dans l’histoire de la théologie, le rire a souvent été critiqué ou même interdit. Par contre, le Moyen-Age connaît une culture du comique et même une valorisation théologique du rire. Le rire du chrétien ne peut-il être compris comme expression de son existence contradictoire de pécheur et de justifié ? Placé « à l’extérieur de lui-même », en tant que pécheur gracié, le chrétien est désormais capable de rire. Laughter is a phenomenon that affects man’s body as well as his soul. Helmuth Plessner interprets it as the sign of the contradictory existence which is peculiar to the human condition, a border existence, marked by the ambivalence of the body-soul relationship. The person who is most successful in triggering laughter is the comic; most philosophers describe him also as the appearance of contradiction and incongruity. In the history of theology laughter has often been criticized or even forbidden. In the Middle Ages, however, there was a culture of the jester and even a theological esteem of laughter. Could not the Christian’s laughter be understood as the expression of his contradictory existence of being sinner and justified? Placed « outside himself » as a sinner who has been pardoned, the Christian is henceforth able to laugh