Abstract
La succession récente de crises économiques et financières constitue le symptôme le plus évident des dysfonctionnements du système économique. De nouvelles approches comme la responsabilité sociale des entreprises et la finance socialement responsable proposent d’humaniser le capitalisme et de reconfigurer l’économie de marché. Ces deux courants de pensée ont d’ailleurs contribué à opérer un important changement dans l’imaginaire social quant à la façon de concevoir la légitimité des activités économiques. Malgré leur grand intérêt, ces nouvelles approches comportent des limites relativement à leur efficacité et leur capacité de remédier aux dysfonctionnements reconnus. C’est pourquoi nous souhaitons examiner ces deux approches et envisager la discussion des questions éthiques dans une perspective plus large. Nous le ferons en affirmant que le dilemme éthique de l’économie se pose assez simplement dans les termes suivants : moraliser l’économie de l’intérieur ou reformuler la question éthique à l’extérieur du discours économique, notamment par la voie politique et démocratique. Dans le premier cas de figure, c’est l’effectivité des approches normatives comme la RSE et la FSR qui doit être examinée. Dans le second cas de figure, c’est la place de l’éthique dans le discours social et sa relation avec l’économie qui doit être discutée. Nous discuterons donc ces deux cas de figure et proposerons de reformuler la question éthique à l’extérieur de la sphère économique en utilisant l’éthique comme cadre d’analyse transversale et matrice des choix sociopolitiques