La prière chez saint Augustin. D’une philosophie du langage à une théologie du Verbe [Book Review]
Dialogue 39 (3):617-619 (
2000)
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Abstract
Comme le titre l’indique, la prière chez Augustin est prise entre deux entités, deux disciplines: la linguistique ou la philosophie du langage d’une part, la théologie d’autre part. Réalité langagière, la prière passe nécessairement par les signes; message destiné à Dieu, elle trouve dans le Verbe divin à la fois son origine, son véhicule et sa fin. Le constat d’une pareille dualité de la prière n’est certainement pas anodin: qu’un espace soit béant entre la matérialité du signe articulé et la pure signifiance, la communication immédiate et sans interférence du Verbe signifie que la prière ne trouve sa raison d’être et son utilité qu’au prix d’une résorption de cet abîme creusé entre le Créateur et sa créature par le signe linguistique. Il ne va pas de soi que l’homme prie, voilà ce qu’Antoni a voulu montrer, avec beaucoup de finesse d’ailleurs. Il ne va pas de soi que le langage humain soit adéquat pour parler à Dieu ou pour parler de lui. Il ne va pas de soi que l’homme ait à adresser à Dieu un message — au reste bien imparfait, puisqu’il passe par la matérialité du son —, car celui qui prie n’a rien à dire que Dieu ne sache déjà, rien à montrer que Dieu n’ait déjà vu, rien à demander que Dieu n’ait déjà entendu ou exaucé. Il semble finalement que la prière soit rendue impossible par l’incommensurabilité des deux instances mises en présence et qu’elle soit rendue inutile par l’omniscience divine qui précède tout désir humain.