Art et éthique chez Emmanuel Lévinas
Bigaku 55 (1):42 (
2004)
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Abstract
Emmanuel Lévinas définit l'Autre comme autrui qui existe en dehors du Moi. Le visage de cet Autre accuse et effondre l'existence du Même en tant qu'égoïsme. Ceci signifie que Lévinas pense que la recontre avec le «visage» est une condition d'éthique. Mais peut-on considérer que l'expérience artistique égale cette recontre? Les réflexions portées sur ce problème sont ambivalentes: d'une part, Lévinas souligne l'irresponsabilité de l'art, d'autre part, il reconnaît que l'art peut être passage vers l'Autrui. Cet article tendrait à expliquer l'ambiguïté par un conflit entre représentation et passivité de la sensibilité que l'on remarque dans ses réflexions sur l'art. Lévinas pense que l'irresponsibilité de l'art provient de l'idolâtrie-«représentation» car l'altérité de l'Autre est transformée en un «alter ego» dans la représentation mâme de l'art. Cependant, il devrait être obligé d'admettre une contradiction dans sa pensée de l'art.: la sensibilité se rattache à la fois à la re-pésentation et à l'état d'«il y a», c'est-à-dire à l'envahissement de l'impersonnalité d'«élément». Plus tard, Lévinas redéfinira la passivité de la sensibilité comme « vulnérabilité » qui assure une relation à l'« Autrui ». Cette supposition est renforcée par le fait que Lévinas traite l'art comme trace. Chez lui, l'art étant considéré comme d'une nature extrêmement passive, il est possible d'imaginer un art qui ne retourne pas au Même