Abstract
Contre l’opposition entre vertu et droit que Pocock a mise au cœur de son modèle de lecture de l’histoire de la pensée politique, cet article avance l’hypothèse qu’il existe une tradition républicaine qui intègre le droit naturel comme pièce essentielle de son dispositif argumentatif. Pocock a interprété les concepts de vertu civique et de droit naturel d’une manière qui ne correspond pas à l’usage qu’en font les auteurs considérés ici . En particulier, c’est parce que le détenteur du droit naturel est conçu davantage comme un sujet moral que comme un centre de désirs qu’il n’y a pas de contradiction entre sa liberté et ses obligations, i.e. sa vertu, de citoyen. De même, c’est parce que la vertu du citoyen se définit moins par la pratique de ses capacités politiques que par l’exercice mesuré de sa liberté qu’il n’est pas contradictoire qu’il revendique un droit naturel à changer de gouvernement et à résister au pouvoir.— Contrary to the now received opposition between virtue and right that lays at the heart of Pocock’s historiographical pattern, this paper suggests that there is a republican tradition which integrates natural right to its argumentative structure. Pocock has construed the concepts of civic virtue and natural right in a way that does not fit the doctrines of the authors here considered . Since the natural right bearer is conceived by those authors more as a moral subject than as a source of desires, he needs to be a virtuous citizen to be free. Likewise, since the citizen’s virtue is not determined by his political capacities but by an exercise of his liberty, it is not absurd that he can claim a natural right to change government and to resist power