Abstract
RésuméSi l’œuvre d'Averroès est souvent considérée comme étant le sommet de la méthode démonstrative aristotélicienne dans la philosophie arabe, un bref passage de sonGrand commentaireàMétaphysiqueΓ.2 d'Aristote souligne l'importance primordiale de la dialectique et suggère d'examiner à nouveaux frais le statut de la dialectique et de la démonstration dans l’œuvre philosophique d'Averroès. Dans ce passage, Averroès décrit la dialectique comme une forme acceptable de philosophie et le dialecticien comme un certain type de scientifique. En mettant la dialectique et la démonstration à un niveau égal ou presque, Averroès semble aller contre sa propre conception d'une distinction entre des types d'hommes dits “dialectiques” et “démonstratifs”, qu'il développe dans sonTraité décisif.En outre, cette interprétation deMétaphysiqueΓ.2 contredit aussi son explication du même passage dans leCommentaire moyen sur la Métaphysique, et la description donnée par Aristote lui-même de la dialectique tout au long de laMétaphysique, à savoir que, dans leGrand commentaireàMétaphysique, il s’écarte de ses vues antérieures en décrivant la dialectique comme une partie nécessaire de la métaphysique, même si la centralité de l'argumentation dialectique pourrait remettre en question le projet de la métaphysique tout entier et, par là, celui des sciences dont les démonstrations s'appuient sur le terrain métaphysique, c'est-à-dire toutes les sciences. Averroès ne souligne pas cette vue, mais sa présence n'en est pas moins ambiguë.