Abstract
Cet article propose une interprétation de la métaphysique de Jankélévitch telle qu’elle se présente dans Philosophie première (1953). L’élaboration d’une déontologie métaphysique conduit Jankélévitch, par-delà le destin onto-théologique des métaphysiques classiques, à déployer une théologie « désontologisée », c’est-à-dire un discours sur Dieu dépouillé de l’être et de l’existence. Une telle détermination théologique de la métaphysique met alors nécessairement le métaphysicien à l’épreuve de l’expression de ce qui n’existe pas et qui pourtant fait exister. Ce que nous comprenons ainsi comme un échec du discours métaphysique sur son objet théologique, dans l’ordre de la métaphysique, possède toutefois une fonction dans l’œuvre de Jankélévitch : fournir son modèle à l’action morale humaine. Dans un double mouvement, cette lecture achemine donc la métaphysique vers la théologie, avant de redéployer la morale depuis cette théologie.