Abstract
Dans cet article, le philosophe Jonathan Glover illustre sa conviction selon laquelle les grandes œuvres littéraires peuvent nous donner autant à penser que les ouvrages philosophiques. Anna Karénine de Tolstoï permet d’abord à Glover de se demander dans quelle mesure nos émotions peuvent à elles seules constituer une boussole morale. Puis, quel que soit le jugement moral que l’on porte sur Anna Karénine, la question se pose de savoir si elle aurait pu agir autrement, ce qui met en jeu la question traditionnelle de la liberté humaine. Enfin, Glover trouve dans le roman de Tolstoï l’occasion de s’intéresser à une notion peu envisagée par les philosophes, mais très valorisée par le romancier russe, à savoir le « sérieux ».