Oxford: Liverpool University Press on behalf of Voltaire Foundation, University of Oxford (
2020)
Copy
BIBTEX
Abstract
Peu d'études se sont attardées sur la dimension matérialiste de la pensée de J-J. Rousseau. si ce n'est que pour s'en tenir largement à l'analyse de Marcel Raymond qui voyait dans le philosophe genevois un continuateur de l'empirisme lockien. Or, l'oeuvre de Rousseau, en particulier dans sa forme autobiographique et théorique, s'appuie continuellement sur le matérialisme ambiant de son époque. La matérialisme rousseauiste constitue même la clé permettant d'éclairer la relation complexe que le citoyen de Genève entretient avec ses contemporains philosophes, oscillant entre un attachement certain au passé et un regard profondément visionnaire sur l'homme et la société. À travers "le matérialisme du sage", cette formule tirée des Confessions qui illumine si bien sa pensée, Rousseau accommode tout le poids de la tradition - histoire, religion, politique - avec le renouveau philosophique des Lumières. Le matérialisme n'implique pas une fatalité; il est plutôt un savoir qu'il entend exploiter afin de trouver un semblant de stabilité et de bien-être au sein d'un monde sujet au perpétuel changement. Toute l'audace de sa pensée est d'avoir fait de la réalité tragique du matérialisme la condition de possibilité de toute liberté réelle, et du bonheur qu'il espère voir l'homme en tirer..