Abstract
La théorie russellienne des relations est ordinairement conçue comme le résultat d'une réflexion logique et ontologique sur l'ordre et l'asymétrie. Le présent article vise à présenter une autre généalogie, centrée sur les concepts de grandeur et de vecteur. Nous montrons en premier lieu que la thèse de l'irréductibilité des relations est avancée pour la première fois en 1897, à l'occasion d'une reformulation de la dialectique hégélienne de la quantité. Nous soulignons, en second lieu, que la notion de grandeur fait, autour des années 1898-1899, l'objet d'une formalisation mathématique, complètement indépendante de la théorie des relations et fondée exclusivement sur les algèbres vectorielles. Nous montrons enfin que Russell, en possession de sa nouvelle doctrine logique, développe dès 1901 une théorie relationnelle des grandeurs vectorielles. Tout se passe donc comme si un des intérêts de la nouvelle théorie était, pour le philosophe, de permettre la substitution des relations aux grandeurs