Abstract
La phénoménologie s’est définie chez Husserl et chez le premier Heidegger comme une « auto-interprétation de la vie ». Mais ils n’ont pas suffisamment élucidé la signification propre de la vie, ce qui a amené Heidegger à s’écarter de cette orientation pour se tourner vers l’ontologie du Dasein. Cette élucidation demeure aujourd’hui encore une tâche majeure de la phénoménologie. En partant de la distinction entre facultés du vivre et modes du vécu, l’on découvre que le vécu est d’essence spatiale. Le primat de la temporalité sur la spatialité affirmé à la fois par Husserl et par Heidegger doit donc être renversé. Il s’agit alors, en réélaborant les thèses classiques de Husserl sur le « corps vivant » (Leib) et l’Ici absolu, d’analyser la spatialité du vivre telle qu’elle se donne dans le phénomène originaire de la mobilité. En développant certaines indications de Merleau-Ponty, il devient possible d’envisager l’espace dans sa dimension charnelle : désormais, les êtres vivants et la vie elle-même nous apparaissent comme des possibilités de l’espace.