Abstract
Les conditions dans lesquelles Leibniz a été amené à recourir au néologisme de « dynamique » permettent de mettre en évidence la nouveauté, au regard des élaborations antérieures fondées sur la notion de force, des dispositifs conceptuels résultant de la conservation de l'action motrice. La démonstration a priori de la conservation de l'action n'a nullement pour effet de transformer la dynamique en science mathématique des vérités nécessaires, ni d'oblitérer sa dépendance à l'égard des principes métaphysiques. La singularité stylistique du concept d'action s'exprime dans sa constitution duale, associant quantité extensive et quantité intensive : par là, la dynamique leibnizienne renouait avec les doctrines médiévales de l'intensio; attribuant en outre aux corps une véritable « action sur soi », corrélativement à une conception archaïque de l'inertie, elle était originellement incommensurable au paradigme de la mécanique classique. The circumstances which led Leibniz to resort to the neologism of "Dynamics" highlight the novelty of the conceptual systems — compared to the previous conceptions based on the notion of force — resulting from interference of motive action. The a priori demonstration of the preservation of action does not transform dynamics into a mathematical science of necessary truths nor does it obliterate its dependance on metaphysical principles. The stylistic singularity of the concept of action becomes apparent in its dual constitution which associates extensive quantity and intensive quantity: thus Leibniz's dynamics revived the medieval doctrines of intensio; moreover as it endowed bodies with a true "action on themselves", in correlation with archaic understanding of inertia, it was originally irreducible to the paradigm of classical mechanics.