Nature et expérience : convergences entre Whitehead et Merleau-Ponty
Abstract
La confrontation des conceptions whiteheadienne et merleau-pontienne de l?expérience est loin de constituer une tâche aisée. La difficulté la plus apparente est relative à la divergence sur laquelle nous butons dès que nous plaçons l?une à côté de l?autre les deux entreprises philosophiques. Alors que dans Procès et réalité , la perspective adoptée par Whitehead consiste en une recherche à « entrées multiples », la phénoménologie pourrait être hâtivement décrite comme dérivant toute signification du monde d?une conscience constituante. En d?autres termes, l?expérience perceptive posséderait une dimension anthropocentrée chez Merleau-Ponty alors que cette même dimension ne paraîtrait avoir chez Whitehead que le statut du cas particulier. La différence s?expliquerait alors par le fait que Whitehead cherche à analyser la structure de toute expérience du monde comme processus, et pas seulement l?expérience d?une conscience humaine. Plusieurs passages de Procès et réalité se veulent d?ailleurs très explicites dans leur rejet, ou tout au moins dans leur « secondarisation » du rôle de la conscience : La conscience est seulement le dernier et le plus grand des éléments par lesquels la sélectivité qui caractérise l?individu masque la totalité externe dont il provient et qu?il incarne. [?] La tâche de la philosophie est de recouvrer la totalité rejetée dans l?ombre par la sélection. Elle remet