The Desire of Merleau-Ponty
Abstract
Le désir se présente comme une sorte de point aveugle de la phénoménologie merleau-pontienne. Mais est-ce là la trace d’une carence ou d’un déplacement de la problématique en direction d’autres domaines de cette philosophie ? Dans cet article, nous tenterons de dégager trois régions d’investigation principales, qui s’entremêlent les unes avec les autres.
Tout d’abord, demandons-nous, quelle est cette signification explicitement « métaphysique » que Merleau-Ponty prête au désir, et en quels sens variés convient-il de l’entendre au beau milieu d’une phénoménologie, pourtant luxuriante, de la perception ? Quelle spécificité en vient alors à posséder le désir par rapport à des notions qui lui sont apparentées comme la sexualité, l’amour, la pudeur, ou encore la volonté ?
Ensuite, sous quelle forme le désir se déploie-t-il sous nos yeux, à la faveur du dialogue incessant qu’entretient Merleau-Ponty avec la psychanalyse, en particulier celle qu’il dit « existentielle » ? Le désir merleau-pontien, est-ce principalement le désir sexuel, ou encore l’Éros ?
Enfin, de quelle manière singulière l’approche merleau-pontienne du désir se retrouve-t-elle entrainée dans le courant ontologique mouvementé de sa dernière philosophie, dans les entrailles naturelles de l’esthésiologie, et le jeu de miroir du visible et de l’invisible ?
Ces considérations nous aiderons peut-être à mieux cerner l’étrange attraction que ce philosophe exerce sur les autres et sur nous-mêmes, nous faisant passer pour ainsi dire de Merleau-Ponty parlant du désir au désir de Merleau-Ponty.