Abstract

L'influence d’Henri Bergson et de sa pensée sur l’œuvre et l'enseignement du philosophe portugais Leonardo Coimbra (1883 à 1936) a été largement étudiée et discutée. Ce qu’a entrepris Leonardo Coimbra en ce qui concerne la diffusion de la philosophie bergsonienne au Portugal au cours des premières décennies du XXe siècle est également consensuel. Cependant, l'approche qu’un autre philosophe portugais, Delfim Santos (1907-1966), fait à Henri Bergson a été bien moins exploitée. Entre eux, a eu lieu une rencontre physique et intellectuelle dont la trace a perduré au-delà des points communs philosophiques (rappelons que Delfim Santos était lui-même disciple de Leonardo Coimbra). À notre avis, la visite de Delfim Santos à la résidence d’Henri Bergson, en octobre 1935, a symbolisé l’harmonie qui existait entre l’inspiration de la culture philosophique portugaise du début du XXe siècle et l’œuvre bergsonienne. Delfim Santos est celui qui a appris à Bergson comment son œuvre était lue et perçue au Portugal, lui ayant envoyé un exemplaire de l’étude A Filosofia de Henri Bergson [La Philosophie d’Henri Bergson], que Leonardo Coimbra avait publiée quelques mois plus tôt. Nous avons déjà eu l’occasion d'étudier la proximité entre Delfim Santos et Henri Bergson, ainsi que la rencontre qui a réuni les deux hommes à Paris en 1935, en établissant les affinités existantes entre la production philosophique initiale du penseur portugais et la pensée bergsonienne. Dans cette réflexion, nous allons présenter et publier intégralement les deux lettres que Delfim Santos a adressées à Henri Bergson à l'occasion de cette visite. Lettres inédites que nous avons eu l'honneur de découvrir dans la collection, laissée en héritage, du philosophe français, déposée à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet à Paris.