Abstract
La sociologie de l’action publique s’est régulièrement intéressée aux temporalités. L’action publique est perçue comme pesant très fortement sur les temporalités sociales tandis que celles-ci représentent une contrainte dont doit tenir compte toute action publique. Les analyses des chercheurs ont mis en évidence que la perception d’un temps linéaire et séquentiel ne rendait que très imparfaitement compte des processus en jeu, et que l’action publique correspondait davantage à des alternances irrégulières et peu prévisibles entre un temps long de la stabilité et un temps plus bref et ramassé de la rupture. L’émergence du nouveau management public a cependant transformé radicalement cette question, en imposant une autre logique de rationalisation des temporalités dont le droit lui-même porte désormais la marque. Si la littérature rend compte des processus d’accélération de l’action publique et de la multiplication des ruptures, notre article réinterroge l’alternance et l’hétérogénéité des temps ainsi que les tensions qui en résultent. Cette hétérogénéité se trouve tout d’abord confortée par la sectorisation de l’action publique. Ensuite, il reste des domaines dans lesquels le temps long résiste, contribuant ainsi à une lecture différenciée de l’action publique contemporaine