Abstract
On sait que, selon Rousseau, la voix de la conscience se prononce dans l'instant et ratifie immédiatement le bien que la raison lui présente. La corruption tenace que fortifie le progrès des connaissances, le tumulte des conversations ou des spectacles empêchent cependant l'homme moderne d'écouter sa conscience, au moment où la société requiert son engagement: l'actualité des rapports corrompus qui enserrent l'individu prend le pas sur la présence en son coeur des impératifs moraux. C'est la rajson pour laquelle la philosophie morale de Rousseau ne peut nullement se dispenser d'une théorie de la mémoire: celle-ci permet de dégager le dictamen de la conscience des passions passagères qui nous asservissent aux contemporains; elle dégage l'horizon d'une liberté authentique et d'une responsabilité qui fait toute la permanence de la personne, au regard de l'immortalité de l'âme. En somme, nous montrons ici qu'aux yeux de Rousseau, la réforme s'accomplit dans un récit de cor version.