Abstract
Jouissant d'une réputation (méritée) de « pourfendeur » de la modernité libérale issue des Lumières, Alasdaire MacIntyre (né en 1929) est un auteur qui cumule les paradoxes. Philosophe analytique établi, il fait montre d'une sensibilité historique qui étonne chez un virtuose du concept. Tout en voulant promouvoir des formes de vie communautaires autour d'une conception substantielle du « Bien commun », il déclare préférer sur le plan politique les « libéraux » aux « communautariens », à son goût, trop romantiques et prêts à magnifier l'Étatnation moderne. Aristotélicien, il est habité par la volonté toute hégélienne de « saisir son temps dans la pensée ». Échangeant le projet des Lumières, et sa conception d'une raison transcendant lieux et temps, contre une rationalité enracinée dans des traditions historiques, il n'en traite pas moins Burke de « mystificateur ». S'attachant à suivre le cheminement de la pensée de MacIntyre, depuis son œuvre maîtresse Après la vertu (1981), l'article vise à faire connaître un peu mieux au public français un philosophe qui semble défier tout « étiquetage ». Well known as a radical opponent to Modernity, Alasdair MacIntyre (born in 1929) is fond of paradoxes. A well established philosopher of the analytic family, he is however, sensitive to the history of philosophy and to the social sciences. An advocate of « communities » whose members share the same conception of the « common good », he is not a « communitarian ». An Aristotelian, he is also a Hegelian. Although he battled with the Enlightenment's conception of a Reason transcending space and time, he nevertheless considers Burke an inventor of intellectual illusions. Through the analysis of MacIntyre's intellectual development, starting from his masterpiece After Virtue (1981), this article aims at introducing to the French audience an « unclassifiable » philosopher