Abstract
Bertrand Cassegrain | : Les injustices dont sont victimes aujourd’hui les animaux domestiques ont mené certains partisans des droits des animaux à défendre l’idée selon laquelle la relation entre humains et animaux domestiques était intrinsèquement injuste et qu’il ne fallait pas permettre à ces derniers de se reproduire. Tout en s’inscrivant dans une théorie des droits des animaux « abolitionniste », cet article entend montrer que, sous réserve du respect de certaines conditions, il n’est pas nécessairement condamnable sur le plan moral d’autoriser la perpétuation des animaux domestiques – en particulier des animaux de compagnie. Ainsi, je tenterai de montrer que s’il est vrai, toutes choses égales par ailleurs, qu’il est moralement acceptable de mettre au monde des enfants sur la base d’un désir égoïste, alors il l’est aussi de laisser venir au monde des animaux de compagnie pour une raison semblable. Le fait d’avoir un enfant ou un animal de compagnie ne mobilisent pas nécessairement les mêmes enjeux éthiques. Je ferai valoir que malgré certaines contraintes, la vie des animaux de compagnie peut tout à fait être enviable. Enfin, j’indiquerai en quoi le premier argument fournit des pistes pour penser le statut légal des animaux de compagnie. | : Because of the injustices domestic animals suffer today, some animal rights theorists claim that the relationship between humans and domestic animals is intrinsically unjust, and that therefore we should not allow domestic animals to breed. I try to show in this paper that, provided that some specific conditions are respected, it is possible to allow the perpetuation of domestic animals—especially pets—while being consistent with an “abolitionist” animal rights theory. Thus, I will try to show that if, all other things being equal, it is morally acceptable to have a child based on a selfish desire, then it is morally acceptable to have a pet for the same reason. Having a child does not lead to the same ethical issues as having a pet. I will show that, despite some constraints, a pet’s life can be perfectly enjoyable. Finally, I will show how the first argument can help us to think about the legal status of pets