Abstract

En partant de la notion de « jargon » mobilisée par Adorno dans son livre contre Heidegger, cet article entend contribuer à une histoire sociale du concept d’authenticité, dans une perspective critique qui s’intéresse à ses usages au sein de différents milieux musicaux et musicologiques. Le rock et la pop, les musiques ethniques et/ou traditionnelles, les musiques anciennes, sont autant de contextes où dans la deuxième moitié du vingtième siècle ont pris forme de manière indépendante ce qu’on peut appeler des querelles de l’authenticité. Nous faisons l’hypothèse que cela s’explique moins pour des raisons techniques communes à ces différents types de musiciens que parce que la diffusion de l’existentialisme et la vogue de la contreculture dans les années 1960 ont installé dans le sens commun l’idée qu’une vie authentique est l’un des noms contemporains de la vie bonne.