Dialogue 41 (3):461-480 (
2002)
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Abstract
RésuméL'énigme de Hume au sujet de la connaissance de soi repose sur l'idée qu'il n'y a pour l'esprit que deux modes d'accès épistémique à soi-même: le contact direct ou non inférentiel avec le soi, d'une part, et la connaissance indirecte, à base d'inférence, d'autre part. Hume rejette le premier de ces modes enpartant de ceci que nous n'avons dans l'introspection qu'une connaissance des expériences et jamais de la substance mentale, et il rejette le second comme incapable de contrer le scepticisme, sa conclusion étant que ce nous appelons un soi n'est rien d'autre que l'amas des expériences que nous rencontrons. Il y a, cependant, en plus de ces deux modes d'accès, une troisième possibilité, que Hume ne semble jamais prendre en considération, mais qui était caractéristique de l'approche de Thomas d'Aquin à la connaissance de soi, comme de celle de Descartes. Pour ces auteurs, le mode d'accès que l 'esprit a à lui-même est une connaissance indirecte non inférentielle. Le présent article propose ainsi de repenser la façon dont ces philosophes ont conçu la connaissance qu'un individu a de lui-même. En particulier, l'un des aspects de la doctrine de Thomas d'Aquin qui est souvent négligé concerne le rôle que joue dans la connaissance du soi individuel la prise de conscience de l'implication de la volonté dans la pensée.