Abstract
La physique sociale commence, dans le Cours, par prendre acte du cercle où s’enferme la modernité : l’esprit critique refuse toute perspective d’organisation sociale ; l’esprit rétrograde refuse l’idée même de progrès. Comte, progressiste, considère que l’on ne pourra sortir de ce cercle qu’en assumant l’héritage des rétrogrades, de manière à dépasser le danger qu’enveloppe la critique. Notre époque, totalement révolutionnaire, n’a d’autre horizon que sa propre critique. Or, ce qu’enseigne le Moyen-Âge interprété par les rétrogrades, c’est que sans horizon positif, la critique nécessairement en vient à faire le jeu de la force, et en ce sens à détruire la société. C’est donc la comparaison des rétrogrades et des révolutionnaires qui, non seulement justifie le recours au concept de pouvoir spirituel, mais permet de mesurer ce que devient une société qui prétend s’en passer. Sociology begins by taking account of the circle in which modernity is caught. The critical stance refuses any prospect of social organisation ; the counter-revolutionary stance refuses the very idea of progress. As a progressive, Comte feels that, in order to find a way out and to overcome the danger involved in the critical way of thinking, we need to accept the conservative heritage. Our time is totally revolutionary and its horizon is only critical. The middle ages, as seen by the counter-revolutionaries, taught us that, without a positive horizon, the critical stance necessarily comes to side with force and, in the long run, to destroy society. It is therefore the comparison between conservatives and revolutionaries which not only justifies the use of the concept of spiritual power, but allows us to see what happens to a society which pretends to do without it