Abstract
Après avoir situé la démonologie de l’Aquinate par rapport à son angélologie et au dogme, l’article étudie les notions de bonté et intégrité de la nature des anges déchus, que Thomas d’Aquin élabore en s’appuyant sur le quatrième chapitre du De divinis nominibus. L’enquête est conduite à partir de l’examen du riche dossier angélologique constitué à l’occasion de la rédaction du De substantiis separatis et vise à préciser le rôle que la (re)lecture de Denys joue dans l’élaboration de la pensée démonologique thomiste. On montre ainsi comment, en suivant Denys, Thomas harmonise la notion aristotélicienne de nature comme essence figée et inaltérable avec celle augustinienne d’une nature susceptible par contre d’amoindrissement et défaillance. Le but étant moins de caractériser la démonologie thomiste comme dionysienne que d’observer l’interaction substantielle chez Thomas entre sources et doctrine, on évoque le triptyque formé par l’opuscule inachevé De substantiis separatis et les commentaires au Liber de causis et à la Métaphysique comme dernier exemple de la manière de travailler de l’Aquinate, entre philosophie et théologie, tradition et spéculation.