Abstract
Avec leur rencontre frontale autour du texte des Meditationes, Descartes et Gassendi ont en commun d'avoir tous les deux écrit leur première œuvre majeure contre la philosophie aristotélicienne. Ce qui n'est qu'une coïncidence révèle pourtant deux manières différentes d'interroger la pensée d'Aristote et de résoudre les problèmes qu'elle pose. Descartes, dans les Regulae, déforme cette pensée de manière cohérente et, en élaborant une nouvelle compréhension de la science, s'affranchit d'Aristote; Gassendi, en revanche, dans les Exercitationes, rompt tout ce qui lie le sujet et l'objet et, dans sa négation des principes de la philosophie aristotélicienne, en reste dépendant. Il s'agit donc, dans cet article, de prendre la mesure d'une telle différence de traitement de la faillite de la philosophie aristotélicienne et de repérer ce qui, dans des travaux portant sur un même objet mais s'ignorant mutuellement, prépare le dialogue direct des années 1640. With their head or encounter over the text of Meditationes, Descartes and Gassendi have in common the fact that they both wrote their first major work against aristotelian philosophy. What is merely a coincidence nevertheless reveals two different ways of questionning Aristotelian thoutght and of finding solutions to the problems posed by the latter. In his Regulae, Descartes distorts this thought in a coherent manner and, by elaborating a new understanding of science, frees himself of Aristotle. Gassendi, on the other hand, in his Exercitationes severs all links between subject and object, and in his very negation of the principles of Aristotelian philosophy, remains dependant on the latter. The object of this article is, therefore, to get the measure of such a great difference in the theatment of the collapse of Aristotelian philosophy and to point to what, in works dealing with the same subject but mutually ignorant of one another, prepares for the direct dialogue of 1640