Abstract
Cet article s’appuie sur des manuscrits foucaldiens des années 1950 afin d’analyser le chantier théorique à partir duquel le jeune Foucault inaugure la réflexion qui l’amènera à une mise en question radicale des sciences humaines. En particulier, l’article suit la piste d’un ouvrage inédit que Foucault a consacré à l’analyse existentielle de Ludwig Binswanger à l’époque de son enseignement à Lille. Ce manuscrit représente le maillon manquant entre l’« Introduction » à Le rêve et l’existence (1954) et la thèse que Foucault publie en 1961, Folie et déraison. Tout en adjoignant à l’analyse du manuscrit la lecture de notes et fiches de lecture de la même époque, l’article montre que la critique que Foucault finit par adresser à l’anthropologie et la phénoménologie au début des années 1960 serait déjà présente de manière implicite dans l’« Introduction » à Le rêve et l’existence. Dans cette étude, en effet, Foucault aurait déjà abandonné son enthousiasme initial pour l’anthropologie phénoménologique de Binswanger pour focaliser plutôt son attention sur le problème du langage et de l’historicité des formes d’expériences.