Clio 51:53-74 (
2020)
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Abstract
L’article analyse la représentation et la perception des Grandes invasions à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle : des mouvements de groupes ethniques cohérents, conduits par des héros masculins. Ce modèle a été suggéré à partir d’un type spécifique de sagas mythiques du haut Moyen Âge, les Origines gentium qui, s’appuyant sur différentes sources anciennes, présentaient l’échiquier complexe des déplacements, des guerres et des alliances entre les barbares et l’Empire comme des exodes linéaires de tribus cohérentes vers une terre promise. Les archéologues et les ostéologues ont appliqué littéralement ce modèle : les biens funéraires et les types de squelettes permettaient à leurs yeux d’identifier les membres des différentes tribus et de suivre leurs routes migratoires. Ils ont privilégié les tombes avec des armes et les squelettes masculins et souligné ainsi l’agentivité des hommes. Cependant, les découvertes archéologiques examinées de plus près nous racontent une histoire complètement différente : dans les cimetières du haut Moyen Âge, les femmes avaient une plus grande visibilité que les hommes.