Abstract
La réflexion qui suit a pour but de suivre le texte de Jacques Derrida, intitulé Mémoires d'aveugle, L'autoportrait et autres ruines. Ce texte constitue le catalogue de l’exposition que le philosophe a organisé au Musée du Louvre sur la cécité et le dessin. En ayant pour réflexion le mythe de Dibutade qui est à l’origine du dessin, surgiront comme traits fondamentaux dans l’argumentation derridienne la reconduction de la vision à la mémoire, la radication du dessin dans la partie d’ombre, dans l’absence, et la nature ambivalente de la trace du dessin. En tenant compte du mythe de l’origine du dessin et du rôle de la vision et de la cécité, Jacques Derrida arrive à la formulation de sa thèse centrale: chaque fois qu’un dessinateur dessine un aveugle, il fait son auto-portrait. Ensuite, on analyse la figuration des aveugles, cherchant à souligner les aspects les plus importants, comme le besoin d’un “théâtre des mains”, la relation entre haptique et optique, ou encore la singulière vocation des aveugles pour devenir des êtres de lumière, élus du divin, donc témoins d’une rédemption et d’une ascèse. Suivant la suggestion du texte de Jacques Derrida, on aboutit au fait que la vision et la cécité ont une importance pour ce qui est de la définition de toute Anthropologie, pour ce cas d’une “Anthropologie des larmes”.