Abstract
Résumé Cet article vise à restituer le contexte historique dans lequel la notion de donné a été introduite avant que Sellars n’en propose la critique systématique. À travers l’étude des textes fondateurs de C. I. Lewis et H. H. Price et des objections auxquelles ils se sont efforcés de répondre, on exposera la nature des débats à la fois métaphysiques et épistémologiques qu’a, dès les années 1930, suscité la thèse selon laquelle l’expérience fournirait à la connaissance un donné fondamental qui seul permettrait d’en assurer la validité empirique. Parce que le donné pur, indépendant de tout ce que l’esprit peut lui adjoindre lorsqu’il lui applique ses concepts, semble devoir demeurer ineffable et inconnaissable pour nous, il était dès l’origine tout à fait problématique non seulement d’en reconnaître l’existence, mais encore plus de chercher à bâtir sur une telle base – comme bien des empiristes ont pourtant prétendu le faire au vingtième siècle – une conception réaliste des rapports entre l’esprit et le monde (insistant sur leur indépendance réciproque) et une conception fondationnaliste de la structure de la connaissance. C’est néanmoins à Sellars qu’il reviendra de démontrer la vacuité d’un tel projet.