Présenter un aperçu de la « mystique chrétienne médiévale » n’est possible qu’en la situant brièvement dans l’histoire de la « mystique » en Occident. Le terme n’est pas dénué d’ambiguïté. Apparaissant dans le contexte des religions à mystères, la mystique évolue vers une expérience silencieuse que les mots ne peuvent capter, avant de désigner des phénomènes anormaux décrits dans une rhétorique de l’étrange. Par rapport à la littérature moderne, les textes médiévaux sont très sobres. Faisant à écho à la (...) théologie mystique de Denys l’Aréopagite (ve-vie s.), ils présentent une voie d’union à l’Un en deçà des mots et des concepts. Il ne suffit pas de connaître (mathein) Dieu par un savoir notionnel, il faut en faire l’expérience, « en pâtir » (pathein). Ce « pâtir Dieu » sera repris par Maître Eckhart (1260-1328), le chef de file de la mystique rhénane. (shrink)

Cette étude se place à la croisée de trois auteurs qui laissent entrevoir, à l'horizon du nucléaire, la persistance d'un même questionnement autour du concept inattendu de "déception". Le nucléaire, qui semble accompagné par une multiplication sans retour des discours sur la fin, emporte jusqu'à l'idée même de fondement, exposant la raison à l'effondrement de son "principe" et entraînant le "désappointement" du programme rationnel de la modernité. La raison semble alors incapable de se soustraire au règne du simulacre qui "instrumentalise (...) les idées mais ne les pense plus" (Levinas). Face à la recrudescence des discours catastrophistes, il s'agira alors de "démystifier l'apocalypse" et "l'alternative du tout ou rien qui transforme en un pouvoir quasi mystique l'arme de l'atome" (Blanchot). Derrida, Blanchot et Levinas, proposeront trois analyses qui semblent nous "dissuader" de penser le phénomène nucléaire selon le critère d'une vérité conventionnelle car il se présente sous les traits d'une "apocalypse sans apocalypse, sans révélation de sa propre vérité, sans savoir absolu" (Derrida). Trois apologies paradoxales qui élèvent le désastre nucléaire au rang de principe "d'époque", tout en suspendant ce geste dans l'insignifiance d'une absence de révélation et l'effondrement du sens, exposant la pensée à une "déception", un "dessaisissement", qui s'avèrent essentiels à son renouveau. Il semblait d'autant plus important, à l'heure de la post-vérité, d'analyser cette éthique de la déception qui reconduit la raison hégémonique à sa "fission" inhérente."--Page 4 of cover. (shrink)

La question cosmopolitique est restée en marge de l'intérêt qui a été porté à la pensée juridico-politique de Kant. Mais l'intérêt philosophique de la question cosmopolitique dépasse très largement ce cadre. Elle atteste d'abord que la théorie politique de Kant ne se limite pas une théorie de l'Etat. Il doit y avoir un en deçà et un au-delà de l'Etat, où la politique dépasse l'idée de peuple pour atteindre celle d'humanité. En ce sens, Kant est l'antidote de Carl Schmitt, qui (...) portait en lui la haine de l'idée cosmopolitique. Cet antagonisme théorique entre Schmitt et Kant, entre le poison et le remède, est largement attesté dans ce volume. Ce qui montre à quel point nous avons besoin aujourd'hui du cosmopolitisme de Kant, pour penser le passage de la guerre à la paix, la place de l'hôte étranger dans nos sociétés complexes et la nouvelle configuration d'un monde globalisé. (shrink)

From the Foreward by Mortimer J. Adler Of all the question or issues concerning human freedom, none is more fundamental in itself and in its consequences than the problem of free choice; and none has been the subject of more persistent and, at the same time, apparently irresolvable controversyThis bookis the perfect antidote for the errors, the misunderstandings or worse, the ignorances that beset the modern discussion of free choice. Even the reader who comes to this book with little or (...) no knowledge of the philosophical literature on the subjects that it treats cannot fail to appreciate its remarkable clarity, its felicitous combination of detailed concreteness with abstract precision, its exploration of common experience and its elucidation of common sense, and, above all, the intelligibility, reasonableness, and fairness of its exposition of free choice. (shrink)

Partir vers Dieu est une chose. Se reposer en Dieu et par là en soi-même en est une autre, une expérience plus pleine encore. En toute technique d'homme, en toute activité de création, une initiation s'avère nécessaire et bienheureuse; c'est le temps des fiançailles où l'initié progresse de découvertes en illuminations. Tels étaient les Chemins de la Contemplation. Mais dans La profondeur de Dieu, nous apprenons à nous reposer dans l'extraordinaire intimité à nous-mêmes de notre SOURCE la plus profonde, plus (...) profonde que le fond de nous-mêmes : la SOURCE personnelle qui nous produit, nous cherche et nous aime. Il n'est pas demandé dans ces pages de se perdre dans des formules, dans des idées, dans des systèmes. Nous avons trop souffert de ces catéchismes-là! Seulement : ne pas s'arrêter de creuser jusqu'à ce qu'on ait trouvé le fond. Les grands Sages de l'Orient, ceux du taoïsme, du confucianisme et du bouddhisme peuvent être nos maîtres en la matière. car ils ne sont jamais lassés de creuser. Et le Christ ne veut pas détruire le fruit de leur intense réflexion; mais l'accomplir. (shrink)

For many years, M. Jean d'Ormesson has been doing me the honor of asking me to write for Diogenes. More recently, he suggested that I should coordinate an issue of this review that would be devoted to my extended discipline, History, but history in the way in which I understand it. It was certainly not for lack of interest that I did not reply to the first request but, no doubt, because of the sense of a chronic lack of time (...) - almost a pleonasm - from which I, like everyone else, suffer. It was not because I was cured that I accepted the second invitation but probably because I allowed myself, with full knowledge of the facts, to entertain the idea that editing an issue would take up less time than simply contributing. … In fact, as everyone knows, the opposite is true, especially when the occasional editor also volunteers to be one of the contributors. This issue is now completed and I sincerely thank M. Jean d'Ormesson for having wished to entrust me with this task that I have enjoyed very much. (shrink)

In order to tell the story of Man and understand our emergence better, we can readily follow on from Heinz Tobien, though we do not need to go back so far in time - just a few million years.Clearly, our fundamental origin is animal. Thus it is easy to understand that in the great genealogy (known as phylogeny), there was one vital (geological) moment when our line was forever detached from the animal “kingdom.” The evidence of palaeontology, like that of (...) molecular biology, today locates this point - which is, by definition, the very point of origin of our family, the hominids - in Eastern Africa around 8 million years ago. In order to state this, palaeontology rests on two sets of results. All the most ancient hominids, without exception, are East African, and the oldest of all goes back more than 7 million years. Through the study of various characteristics of the cells of contemporary primates, having arranged them in an order of increasing complexity and having hypothesized that this contemporary complexity may be a reflection of that which developed through time, molecular biology has, on the basis of palaeontological dating, calibrated this transformation and its different stages and constructed what is called a molecular clock. In this way, it has arrived at two conclusions. The primates closest to Man are by far the great African apes (chimpanzees, gorillas), and the “distance” that separates us - in other words the degree of difference that exists between them and us - situates the divergence of our two branches at just over 7 million years. (shrink)

We are again going through a period of expansion in biographical literature. There is an ever greater number of publications, demonstrating the libido biographica of the reading public and also showing the interest of authors for a genre that is often treated with a great deal of care and rigor. This is not the first time in the history of letters, and each of us can find in his library a quantity of ancient, classic or modern works proving the constancy (...) of this production. However, the contemporary phenomenon takes on a different meaning. The appetite for the biographical seems to be directly linked to its value as testimony. We are living in an era of distrust with regard to rules and codes. Every individual is called on to organize his conduct and invent his existence, from which comes, it seems, this need for an example that also expresses a taste for history and a need for more truth than entertainment from the author of biographies. (shrink)

" Le monde qui s'offre à nous est formidable. " C'est un livre jubilatoire que nous propose le philosophe Yves Roucaute. Une ode à la révolution des Temps Contemporains. Abolition du travail et robots, corps bioniques et bébés sur mesure, clonage et cryogénisation, corps augmenté et suppression des maladies, télé-transportation et véhicules indépendants, disparition de l'Etat et du pouvoir politique, de la guerre et de l'oppression des nations, économie collaborative et réseaux sociaux, abrogation de l'écriture et du dressage éducatif, (...) libération du corps féminin, art contemporain et conquête spatiale, le meilleur est devant nous. Fruit d'un considérable travail de recherches philosophiques, historiques et scientifiques, ce texte revisite toute l'histoire de l'humanité. Il fait le récit passionnant de la lutte pour la reconnaissance de la nature créatrice humaine contre la pensée magico-religieuse née il y a 12 000 ans et qui s'achève avec la modernité. Adieu le chimérique Homo sapiens, l'opposition " matérialisme " et " idéalisme ", adieu " socialisme ", " libéralisme ", " utilitarisme ", adieu tristesse des professionnels de l'apocalypse. " Je suis Celui qui crée ", tel est le credo de l'homme contemporain, parvenu à la conscience de lui-même. Ce livre à la fois joyeux et érudit, accessible et savant, balaie les illusions d'hier. Ses analyses rigoureuses et pleines d'humour revisitent les fables et les récits mythologiques. Contre le relativisme, il propose une nouvelle morale universelle, celle du " Moi d'abord, moi d'accord ". (shrink)

Caesar writes among the main preoccupations of the Druids “the measurement of the world and of territories”. A simple surveying being excluded, other methods have to be considered, and first the spotting of privileged directions from high points (such as the Puy-de-Dôme, the Montagne de Dun, the Mont Dardon, the hill of Sion-Vaudémont…) allowing a kind of primitive triangulation. It has been noticed that in the obtained patterns, the places known as Mediolanum play a major role. Thus Milano, Mediolanum of (...) the Insubri and Châteaumeillant, home of the Biturigi, can be connected by a straight line across the Mont Blanc and the Montagne de Dun, this last one being the center of several equidistances leading to Meilhan-sur-Garonne, Saintes, Évreux, all of them ancient Mediolanum. Geometrical relations, not less striking, link among others, the Mediolanum de Samoreau (landmark on the bank of the Seine) to Maulain (Haute-Marne), Mâlain (Côte‑d’Or) and Moliens (Oise). Consistant with the Celtic tradition, the sacralization of the central points adds up to a real endeavour of Gallic geodesy, the chronology of which should be elaborated. (shrink)

This article examines the relationship between different pedagogies and the joy of teaching. It is based on several research carried out on schools practicing alternative pedagogies as well as on experiments linked to article 34 of the « Fillon » law. Several dimensions are brought to light: the break with the ill-being experienced in traditional practices, the consistency between values and practices, the place of commitment in the history of the teacher and in his personal relationships, the professional development, the (...) effects on students, the closer relations with families, the social recognition. (shrink)

Qu'est-ce qu'un point névralgique en philosophie? C'est une question ou une position particulière, locale, mais autour de laquelle une pensée se joue dans sa totalité. Autrement dit, c'est un lieu de décision philosophique qui n'engage pas seulement sa cohérence, mais aussi et surtout sa spécificité et sa teneur. Un point névralgique est donc un lieu de décision philosophique dont aucune philosophie marquante ne fait l'économie. Dans cet ouvrage sont analysés les principaux points névralgiques de nombres des plus grands philosophes contemporains. (...) Il en va ainsi, par exemple, de la question du sujet chez Foucault, ou de celle du pardon chez Derrida, ou encore de celle de la légitimation postmoderne chez Lyotard, etc. Ces points névralgiques ne sont pas les seuls chez ces penseurs, mais ils ont au moins une importance toute particulière et tous ont joué un rôle majeur dans la construction de la pensée occidentale. (shrink)

Claude Tresmontant (1925-1997) est un philosophe, helléniste et hébraïsant, ainsi qu'un exégète français. Il enseigna pendant de nombreuses années la philosophie médiévale et la philosophie des sciences à la Sorbonne. Le philosophe Yves Tourenne a travaillé tout sa vie l'oeuvre de Claude Tresmontant auquel, dit-il, il doit tout. Dans ce livre majeur, il cherche à livrer le coeur de la pensée du philosophe. Le coeur, le centre et le sommet de l'oeuvre de Claude Tresmontant : l'ontologie de la métamorphose (...) de l'Homme créé inachevé ou la science de la vie mystique selon l'orthodoxie chrétienne. C'est une philosophie qui part du réel, de l'univers créé, pour montrer que l'homme est en création, en perpétuelle transformation, métamorphose. (shrink)

Niccolò Machiavelli is the most prominent and notorious theorist of violence in the history of European political thought - prominent, because he is the first to candidly discuss the role of violence in politics; and notorious, because he treats violence as virtue rather than as vice. In this original interpretation, Yves Winter reconstructs Machiavelli's theory of violence and shows how it challenges moral and metaphysical ideas. Winter attributes two central theses to Machiavelli: first, violence is not a generic technology (...) of government but a strategy that tends to correlate with inequality and class conflict; and second, violence is best understood not in terms of conventional notions of law enforcement, coercion, or the proverbial 'last resort', but as performance. Most political violence is effective not because it physically compels another agent who is thus coerced; rather, it produces political effects by appealing to an audience. As such, this book shows how in Machiavelli's world, violence is designed to be perceived, experienced, remembered, and narrated. (shrink)

La modernité s'essouffle tant la considération de l'Homme indépendant, autonome, volontaire et décideur a montré ses excès de maîtrise et ses failles. Y aurait-il un autre commencement que la conscience et le savoir? Ne sommes-nous pas rencontres? Mais alors tout ne part plus de moi ; il y va de l'autre. La première partie tente d'élaborer une phénoménologie de la rencontre. Mais la rencontre se limite au face à face. Pourrait-elle nous emmener au-delà jusqu'à une reconsidération de la justice, de (...) la politique, de la société? La seconde partie du livre présente une articulation entre ces dimensions de notre réalité commune. La rencontre serait alors ce qui permet de penser une société qui n'absorbe rien de nos singularités, et d'envisager la dimension politique à l'endroit d'une vulnérabilité partagée. (shrink)

Les sociétés démocratiques sont confrontées à l'émergence d'enjeux environnementaux décisifs qui concernent tant les modes de production, d'échange et de consommation que l'habitat, les transports, l'agriculture, l'industrie et même nos modes de vie. La prise en charge de ces enjeux ne saurait s'opérer simplement par des mesures ponctuelles ou locales. Elle doit aujourd'hui être repensée la temporalité de l'action politique, confrontée à une urgence qui ne cessera de s'accroître dans les prochaines années.

Scheinerman (2023) proposes that at the Human Genome Editing Initiative international summit (held in March 2023) there should have been a parallel, separate Citizens’ Jury, and that the Human Geno...

Yves Lemoine et Jean-Pierre Mignard s'interrogent sur les origines du Droit dans nos sociétés, sur les grandes traditions dont il est issu et sur ses évolutions intellectuelles en Occident. Si leur cheminement passe par l'étude de grandes figures telles que Francisco de Vitoria, Erasme, Thomas More, Portalis, l'abbé Grégoire, William Wilberforce, ou encore René Cassin, leur questionnement sur Athènes et Rome initie une réflexion sur l'humanisme juridique. L'idée que le Droit se réfère à un état supérieur d'Etre et que (...) le droit naturel fonde notre vie en société. Le Défi d'Antigone prévient du danger de former de jeunes juristes à être des marchands de droit et non des jurisconsultes : n'oubliez pas d'où vous venez... N'oubliez pas non plus où vous allez... (shrink)

In his Florentine Histories, Machiavelli offers an ambivalent portrayal of the revolt of the textile workers in late fourteenth-century Florence, known as the tumult of the Ciompi. On the face of it, Machiavelli's depiction of the insurgent workers is not exactly flattering. Yet this picture is undermined by a firebrand speech, which Machiavelli invents and attributes to an unnamed leader of the plebeian revolt. I interpret this speech as a radical and egalitarian vector of thought opened up by Machiavelli's text. (...) The revolutionary address reveals an untimely and not entirely self-conscious political radicalism, a plebeian politics that repudiates the logic of oligarchic privilege and is simultaneously not available for subsumption under the mantle of civic republicanism. (shrink)