Face à une logique de système qui entend ressaisir le sens de ce qui est en le totalisant, l'existant fait l'épreuve délicate d'une réalité qui toujours lui échappe, qui n'est jamais ce qu'il attend qu'elle soit, qui ne cesse de contredire toute espérance de maîtrise. Or, penser cette réalité signifie précisément renoncer à l'exigence philosophique de système, selon laquelle nous pourrions clôturer la signification des êtres, des choses comme des événements. Mais il ne s'agit nullement de renoncer à la philosophie, (...) et cela ne nous voue pas davantage à l'absurdité ou au tragique supposé du monde. D'une tout autre façon, il nous faut accéder à un type de rationalité dont la vocation n'est pas de totaliser le sens, mais de décrire ce qui est comme ce avec quoi l'on ne peut jamais en avoir fini. Telle est la vocation originaire de la phénoménologie, qui n'est pas de transformer en thème chaque phénomène qu'elle aborde, mais à l'inverse de le décrire dans la façon qu'il a de nous apparaître. (shrink)

Qu'ont de commun Pascal et la peinture de La Tour? La théologie de Thomas d'Aquin et les fresques de Fra Angelico? La philosophie de Schelling et la musique de Liszt? La pensée de Diderot et les toiles de Fragonard, ou encore la phénoménologie de Maldiney et les sculptures de Giacometti? Et si œuvres d'art et œuvres philosophiques, dans leurs façons d'être au monde, tissaient de profondes correspondances, souvent même à l'insu de leur créateur? C'est la thèse de Philippe (...) class='Hi'>Grosos qui revisite ici les grandes œuvres de la pensée humaine et les plus belles productions de l'art pour en dévoiler les liens les plus intimes et les intuitions communes. De telles correspondances, qui entendent mettre en évidence des gestes communs à l'élaboration de leurs œuvres, supposent alors que ce que nous nommons esthétique a bien davantage à voir avec l'existence qu'avec la seule œuvre d'art ou le jugement de goût. (shrink)

Nous sommes mortels et le temps qui est le notre ne se deploie que selon l'irreversibilite de son ordre. Cela est entendu. Et cependant, le sens de nos existences ne peut s'interpreter a partir de cette seule irreversibilite biologique. En elle, et non contre elle, nous ne cessons d'etre confronte a la reversibilite de nos situations d'existence, lesquelles nous sont aussi inanticipables que decisives. Prendre des lors au serieux cette reversibilite, c'est ne plus pouvoir se satisfaire du privilege que, depuis (...) les Grecs, la philosophie reconnait a la tragedie, tant le tragique presuppose l'irreversible. C'est pourquoi, porter attention a la reversibilite, c'est defendre un autre modele d'interpretation de nos existences: celui du tragicomique et de l'ironie. (shrink)

L’œuvre du père Teilhard de Chardin est exemplaire de ce que l’introduction de la question préhistorique fait aux sciences humaines lorsqu’elle s’introduit en leur champ disciplinaire : elle les met dans l’obligation ou de se reformuler ou d’être en porte-à-faux avec la science de leur temps. Aussi la vertu première de l’œuvre de Teilhard, au-delà même des thèses qu’il a pu soutenir, est d’avoir été, sinon le premier, du moins un des premiers hommes d’Église, à envisager une théologie qui en (...) prenne acte. (shrink)

La question de l’identité personnelle ne peut être prise au sérieux que si, loin de se limiter à une dimension juridique, elle aborde véritablement l’histoire comme la corporéité de la personne. Or c’est là ce qu’a su penser Maine de Biran, mais non Hegel, lors même que ce dernier négligeait la philosophie française.The very issue of personal identity can only be taken seriously if, far from restricting itself to a mere legal dimension, it approaches history as the corporeity of the (...) individual. Now, this is precisely what Maine de Biran was able to perceive, unlike Hegel who then disregarded French philosophy. (shrink)

Par-delà leurs irréductibles différences, le philosophe Karl Jaspers, l’historien d’art Siegfried Giedion et le théologien Pierre Teilhard de Chardin ont ceci de commun qu’en élaborant chacun une pensée de l’histoire, ils ont su porter attention au concept de « préhistoire ». Et ils l’ont fait à une époque où seuls les préhistoriens s’intéressaient à la question. Que nous apprennent leurs analyses? En quoi nous permettent-elles, aujourd’hui, de remettre en question l’opposition ordinairement admise entre histoire et préhistoire? Peut-on voir en ces (...) pensées un appel à refonder une philosophie de l’histoire? (shrink)

L'analyse et le développement du concept d'existence ont constitué un des enjeux philosophiques majeurs de la seconde moitié du XXe siècle en Europe. Or, ces divers courants philosophiques reposent fondamentalement sur une 'double économie de la rareté'. Ils affirment en effet, d'une part, que seul l'homme existe, et, d'autre part, qu'il n'existe que rarement. Que faire d'une telle radicalité, en ce début de XXIe siècle, à l'heure où la plupart des problèmes qui semblent se poser à nous relèvent de ce (...) que nous nommons plutôt la vie? Comment considérer, sans avoir à abandonner une telle perspective, les questions que celle-ci ouvre, à savoir celles relatives au vécu (celles de l'ordinaire ou de la quotidienneté contre toute logique de l'authenticité) et plus encore celles relatives au vivant (au sein d'un contexte animalier et environnemental tendu)?"--Page 4 of cover. (shrink)

Maldiney est né en 1912, année où le cinéma est quant à lui devenu un art, pour la première fois de type industriel. Ce philosophe en a donc été, toute sa vie durant, le contemporain. Et pourtant il ne s’y est manifestement jamais intéressé. Or cela est d’autant plus intrigant que, si la peinture a certes toujours été pour lui l’art de référence, il a toutefois su se tourner vers de nombreux autres arts. Pourquoi, même s’il ne connaissait pas, comme (...) Stanley Cavell, les comédies hollywoodiennes, ne s’est-il pas non plus, contrairement à son collègue de Lyon, Gilles Deleuze, intéressé à ce que cet art rend possible? Est-ce là une affaire de goût, alors privée et naïvement subjective? Ou ce désintérêt manifeste peut-il nous dire quelque chose de ce qu’il a cherché dans l’art, et ainsi de ce qu’on peut nommer son style philosophique? (shrink)

Shakespeare n'est pas philosophe. Et nombre de ses pointes ironiques à l'égard des philosophes témoignent de la défiance qu'ils lui inspiraient. Mais outre qu'il aura été influencé par diverses traditions philosophiques, provenant de l'Antiquité comme de la Renaissance, son oeuvre, depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, n'a cessé d'inspirer celles des philosophes. Aussi, interroger Shakespeare au risque de la philosophie n'est pas l'aborder avec la volonté de soumettre son théâtre au règne du concept dans l'espoir secret de le démythifier. (...) C'est à l'inverse le prendre au sérieux, sans complaisance et jusque dans ses provocations, afin de faire entendre son propos et ses questions. Fruit d'une collaboration originale entre anglicistes et philosophes, cet ouvrage constitue un apport inédit aux études shakespeariennes de langue française."--Page 4 of cover. (shrink)

L'oeuvre d'Henri Maldiney (1912-2013) occupe aujourd'hui une place de premier ordre dans le paysage philosophique. Lors même qu'il n'a que tardivement publié son premier ouvrage, Regard Parole Espace, en 1973, le profond renouvellement qu'il a su introduire au sein de la phénoménologie a obligé philosophes, mais aussi psychiatres ou théoriciens de l'oeuvre d'art, à repenser leurs concepts comme leurs pratiques. C'est là ce que ces études, initialement issues d'un colloque interdisciplinaire, entendent méditer. Elles abordent aussi bien la place qui est (...) celle de Maldiney au sein de la tradition philosophique, qu'elles réfléchissent à l'impact de sa pensée sur le traitement des questions psychiatriques et esthétiques. (shrink)

The aim of this paper is to shed light on and develop what I call a phenomenological conception of experiential justification. According to this phenomenological conception, certain experiences gain their justificatory force from their distinctive phenomenology. Such an approach closely connects epistemology and philosophy of mind and has recently been proposed by several authors, most notably by Elijah Chudnoff, Ole Koksvik, and James Pryor. At the present time, however, there is no work that contrasts these different versions of PCEJ. This (...) paper not only bridges this gap, but also reveals problems in current versions of PCEJ. Consequently, I argue for a new version of PCEJ that focuses on what is given within experience and not on how what is given pushes me towards believing something. (shrink)

The aim of this paper is twofold. The first is an interpretative one as I wish to provide a detailed account of Husserl’s conception of experiential justification. Here Ideas I and Introduction to Logic and Theory of Knowledge: Lectures 1906/07 will be my main resources. My second aim is to demonstrate the currency and relevance of Husserl’s conception. This means two things: Firstly, I will show that in current debates in analytic epistemology there is a movement sharing with Husserl the (...) basic idea that certain experiences gain their justificatory force simply from their distinctive phenomenal character. Secondly, I shall reveal the benefits of Husserl’s specific version of this view. Thus, one of my aims is to show that debates in current analytic epistemology could profit from adopting certain Husserlian elements. More precisely, I will defend Husserl’s claim that perceptual experiences are justifiers due to their self-giving phenomenal character as opposed to the currently popular view that it is the phenomenology of pushiness that makes them justifiers. To put it differently, what matters is what is originally given within experience and not how you feel about what is given. (shrink)

In his influential paper “Grasping the Third Realm,” John Bengson raises the question of how we can non-accidentally grasp abstract facts. What distinguishes successful intuition from hallucinatory intuition? Bengson answers his “non-accidental relation question” by arguing for a constitutive relationship: The intuited object is a literal constituent of the respective intuition. Now, the problem my contribution centers around is that Bengson’s answer cannot be the end of the story. This is because, as Bar Luzon and Preston Werner have recently pointed (...) out, this answer leads to the follow-up question of why certain intuitional experiences are constituted by the facts, but others are not. My objective is to answer this question by specifying precisely what is epistemically defective about intellectual hallucinations. My result is that, in stark contrast to perception, intellectual hallucinations are epistemically defective in the sense that something is overlooked. In successful intuition, by contrast, all relevant possibilities/scenarios are considered/imagined. This has crucial epistemological implications. In particular, I argue that intuitions exhibiting a certain phenomenology cannot fail to successfully grasp abstract facts. I call this the non-accidental correctness thesis, which constitutes the main thesis of this paper. (shrink)

In current debates, many philosophers of science have sympathies for the project of introducing a new approach to the scientific realism debate that forges a middle way between traditional forms of scientific realism and anti-realism. One promising approach is perspectivism. Although different proponents of perspectivism differ in their respective characterizations of perspectivism, the common idea is that scientific knowledge is necessarily partial and incomplete. Perspectivism is a new position in current debates but it does have its forerunners. Figures that are (...) typically mentioned in this context include Dewey, Feyerabend, Leibniz, Kant, Kuhn, and Putnam. Interestingly, to my knowledge, there exists no work that discusses similarities to the phenomenological tradition. This is surprising because here one can find systematically similar ideas and even a very similar terminology. It is startling because early modern physics was noticeably influenced by phenomenological ideas. And it is unfortunate because the analysis of perspectival approaches in the phenomenological tradition can help us to achieve a more nuanced understanding of different forms of perspectivism. The main objective of this paper is to show that in the phenomenological tradition one finds a well-elaborated philosophy of science that shares important similarities with current versions of perspectivism. Engaging with the phenomenological tradition is also of systematic value since it helps us to gain a better understanding of the distinctive claims of perspectivism and to distinguish various grades of perspectivism. (shrink)

Solar radiation management (SRM) may help to reduce the negative outcomes of climate change by minimising or reversing global warming. However, many express the worry that SRM may pose a moral hazard, i.e., that information about SRM may lead to a reduction in climate change mitigation efforts. In this paper, we report a large-scale preregistered, money-incentivised, online experiment with a representative US sample (N = 2284). We compare actual behaviour (donations to climate change charities and clicks on climate change petition (...) links) as well as stated preferences (support for a carbon tax and self-reported intentions to reduce emissions) between participants who receive information about SRM with two control groups (a salience control that includes information about climate change generally and a content control that includes information about a different topic). Behavioural choices are made with an earned real-money endowment, and stated preference responses are incentivised via the Bayesian Truth Serum. We fail to find a significant impact of receiving information about SRM and, based on equivalence tests, we provide evidence in favour of the absence of a meaningfully large effect. Our results thus provide evidence for the claim that there is no detectable moral hazard with respect to SRM. [Open access]. (shrink)

A collection of essays investigating key historical and scientific questions relating to the concept of natural purpose in Kant's philosophy of biology.

Quelle politique peut-on faire quand on est un idiot? Loin d'être saugrenue, c'est bien la question qu'on est conduit à se poser inévitablement en lisant l'oeuvre de Gilles Deleuze. L'"idiot" joue, en effet, un rôle incontournable et essentiel dans la philosophie de Deleuze. Il est le personnage conceptuel qui fait tenir cette philosophie dans sa consistance propre. Il se situe à la charnière de l'image de la pensée que le philosophe invoque et suppose plus ou moins implicitement et de la (...) création de concepts qu'il produit explicitement. Aussi, faire de la philosophie, tout comme agir et penser politiquement, c'est toujours une manière de faire l'idiot. Les conséquences de cette approche sont capitales, du fait des questions posées à la réflexion politique classique centrée sur le Droit et l'Etat, du fait aussi des problématiques qui se voient invalidées dans ce champ. La place qui revient au contrôle et au bio-pouvoir, aux zones d'indétermination et aux espaces lisses, permet de prendre une saine distance vis-à-vis de la politique "majoritaire" et de faire apparaître, comme déjà de vieux clichés, bon nombre de thèmes et de concepts revendiqués par les organisations alternatives, mondialistes et subversives récentes. C'est une tout autre idée de la politique, centrée sur les devenirs, que nous invite à méditer la politique deleuzienne de l'idiot. Elle nous ouvre à d'autres espérances, nouvelles, en lien avec un "peuple absent" qui naîtrait avec chaque devenir. (shrink)

Animal research suggests that central serotonergic neurons are involved in behavioral suppression, particularly anxiety-related inhibition. The hypothesis linking decreased serotonin transmission to reduced anxiety as the mechanism in the anxiolytic activity of benzodiazepines conflicts with most clinical observations. Serotonin antagonists show no marked capacity to alleviate anxiety. On the other hand, clinical signs of reduced serotonergic transmission (low 5-HIAA levels in the cerebrospinal fluid) are frequently associated with aggressiveness, suicide attempts, and increased anxiety. The target article attempts to reconcile such (...) human and animal findings by investigating whether anxiety reduction or increased impulsivity is more Likely to account for animal behavioral changes associated with decreased serotonergic transmission. The effects of manipulating central serotonin in experimental anxiety paradigms in animals (punishment, extinction, novelty) are reviewed and compared with the effects of antianxiety drugs. Anxiety seems neither necessary nor sufficient to induce control by serotonergic neurons on behavior. Further evidence suggests that behavioral effects of anxiolytics thought to be mediated by decreases in anxiety are not caused by the ability of these drugs to reduce serotonin transmission. Blockade of serotonin transmission, especially at the level of the substantia nigra, results in a shift of behavior toward facilitation of responding. This behavioral shift is particularly marked when there is competition between acting and restraining response tendencies and when obstacles prevent the immediate attainment of an anticipated reward. It is proposed that serotonergic neurons are involved not only in behavioral arousal but also in enabling the organism to arrange or tolerate delay before acting. Decreases in serotonin transmission seem to be associated with the increased performance of behaviors that are usually suppressed, though not necessarily because of the alleviation of anxiety, which might contribute to the suppression. (shrink)

This chapter contains section titled: I The Extended Auction II Working in the Peep Show, Flirting in the Square III Insurance Behind a Veil of Ignorance IV Dworkin's Hybrid Scheme V Four Objections to Dworkin VI Ackerman Generalized VII Not Enough Redistribution? VIII Too Much Redistribution? Acknowledgement.

The once-lost introduction to the philosophy of science by Philipp Frank (1884-1966), a leading member of the Vienna circle of philosophers and biographer of Albert Einstein.